En arrivant à Underland, Aldaric avait apporté avec lui très peu de biens personnels, de peur qu'on les lui vole, la prudence était de mise, évidemment. Parmi le peu de choses, il y avait, bien entendu, des vêtements, des sous-vêtements des chaussures et une photo de son fils. Ce fils qu'il souhaitait oublier, ce fils qu'il ne pourrait jamais aimer. Il avait eu cette photo de Laura. Elle était venue le voir, lui, le condamné à l'Enfer des souterrains. Les adieux prirent l'apparence d'une photo et d'un baiser. Plus jamais il n'allait la revoir. Et lui, ce petit Rick Nickoraï, il n'aurait jamais le loisir de le voir grandir, même de loin.

Alors aujourd'hui, là, en cette journée "ensoleillée", sous terre, il était adossé à une baraque de bouffe, dans le parc d'attraction. Enfin, si on pouvait appeler ça ainsi. Il observait les gens passer, en silence. Parfois il y avait des "familles", quelques fois, des enfants qui chapardaient et des adultes qui les poursuivaient ou même, des adultes uniquement qui voulaient vivre comme avant, pour la plupart des prisonniers, ou juste, encore, des gens là pour voler ou pour affaire. En cette journée, Al avait le coeur gros. Il voyait quelques sourires, ça et là, pour les enfants qu'ils croisaient avec leurs parents. Et le sien ? Allait-il bien ? Et Laura... Sa belle Laura... Soudain, sans prévenir, son coeur se serra et une larme coula sur sa joue puis sans prévenir, une seconde suivie la première et d'un coup, il s'écroula sur ce sol dur et dégueulasse afin de pleurer tout son saoul. Sa vie d'avant lui manquait, Hélène, Laura et même cet empoté de Ned lui manquait. Et Thomas, son cher Thomas... Al' observa ses mains. Thomas... Il l'avait tué. Lui-même l'avait tué.

Non. Il était captif. Il était à Underland. Il n'avait pas le droit de pleurer où il serait le prochain mort trouver dans le caniveau. Alors que des hommes s'approchaient, le regard cruel, l'anglais se releva et essuya ses yeux d'un air déterminé. Non. Il ne devait pas pleurer. Jamais. Pas ici. S'il craquait, s'il pleurait encore devant tout le monde, s'il montrait qu'il était faible, il mourrait. D'un coup, il sortit son couteau et montra sa lame aiguisée, le regard emplit de colère. Jamais il ne mourrait tué. Il se l'était promis. Hors de question. Il survivrait, pour son fils, pour Laura et pour Hélène mais aussi pour Thomas.

Il se mit enfin en marche. Il se dirigea vers le stand où l'on offrait des ballons à des enfants. Il en prit trois. Un rose, un vert et un violet.  N'ayant pas de quoi offrir contentement au vendeur, il échangea des services contre ses choses sans importances.

Finalement, il s'éloigna pour se placer à l'écart et explosa le ballon vert pour passer ses nerfs. Faisant de même avec les deux autres. Il lui fallait du silence et de la solitude pour reconstruire les barrières qui protégeaient son coeur et son âme....