Exploration [Anthon Kjeldahl]

. Délits : 9 Date d'arrivée : 05/05/2013

Victoryck venait tout juste d'arriver dans ce qu'elle appelait "Le trou" et elle ressentait déjà le besoin de s'éloigner de cette ville. Elle hésita longtemps avant de décider d'explorer les bois, elle espérait qu'il n'y aurait pas grand monde pour venir lui chercher des noises... ou du moins personne de plus fort qu'elle.

Arrivé devant l'entrée, elle serra inconsciemment ses poings et rentra dans les bois d'un sûr et déterminé.
Elle marcha pendant dix minutes avant de s'accorder une pause. Elle s'assit au pied d'un arbre et plongea dans ses pensée.
Elle pensa à sa condamnation, à son avocat qui la suppliait presque de dire quelque chose et au regard des familles de ses victimes. Elle qui se souvenait même pas de la tête des gens qu'elle avait tuer connaissait par cœur celles de leur famille. Elle ferma les yeux et essaya de penser à autre chose, c'était ni le moment ni l'endroit pour être ronger par le remord, d'ailleurs elle n'en avait pas. C'était simplement son dernier souvenir de son ancienne vie.
Elle ferma les yeux et pencha la tête en arrière, non mais quelle idée d'aller se promener dans les bois!
Elle se leva légèrement énervé contre elle même et fit un geste particulièrement mature : elle tapa du pied contre l'arbre en pestant. Ensuite elle s'y adossa et regarda les alentours, c'était calme, trop calme, elle voulue hurlé pour combler se vide mais se ravisa en se disant que c'était la meilleure solution pour se payer un aller simple pour le cimetière. Elle râla une deuxième fois dans sa barbe inexistante et se remit à marcher, s'arrêtant pour admirer une herbe particulièrement bizarre ou pour s'appuyer sur un arbre lorsqu'elle commençait à s'essouffler.

Finalement elle s'arrêta à un gros arbre, s’assit une nouvelle fois et observa les alentours.
Elle soupira
Quel trou perdu...

Les jours de congés étaient rares à Underland. En fait, les dimanches n'existaient pas. Au final, ça ne changeait pas grand-chose pour Anthon ; dans sa vie d'En-Haut, il travaillait H24, sept jours sur sept... et prenait aussi peu de vacances qu'ici. Non, le chirurgien aimait son travail ; en un sens, c'était sa vie. En un autre, il lui permettait de la gagner. Mais voilà, quand tu poses un anneau gastrique sur le foie d'un de tes patients, il faut commencer à se poser des questions et ne pas hésiter longtemps à arrêter, au moins pour ne pas ternir sa réputation déjà peu aguichante. Enfin, l'avantage dans ces cas-là, c'est que personne ne s'aviserait de lui contester ses droits. Parce que d'une manière ou d'une autre, il les prendrait.
Pour cette journée de farniente, Anthon prévoyait, comme d'ordinaire, de sortir, "prendre l'air", faire le vide. A Underland, trois lieux pouvaient se prêter à ces éventualités : le parc d'attraction, le lac et les bois. Le parc était un lieu charmant mais c'était un endroit où il aimait se décontracter un instant après le travail. Retrouver les plaisirs de l'enfance, pour quelques minutes... ça avait quelque chose d'apaisant. Mais rien qui ne suscita une journée entière d'intérêt. Le lac était calme et apaisant, tant que personne ne venait y noyer son voisin. On pouvait y pêcher ▬ des poissons intoxiqués mais quand même... ▬ mais voilà, il y avait ce soucis de cohabitation avec les morts. Le Danois n'avait rien contre eux, non, mais il préférait éviter de les côtoyer. Comprenez, il n'y avait pas de cochons à Underland. Alors le meilleur moyen de se débarrasser d'un corps, c'était le lac. Après tout, on s'en fichait pas mal de savoir que n'importe qui pouvait retrouver le cadavre qu'on venait de balancer à tour de bras... mais la réflexion n'était pas aux macchabées. Pas ce jour-là.
Restaient alors les bois. Il y avait toujours le risque de se faire tuer par une balle perdue ▬ ou un fou furieux ▬ mais il était moindre. Et le silence, le calme de la forêt avait toujours plu à Anthon. Si les arbres d'ici ressemblaient peu à ceux d'En-Haut, ils n'en restaient pas moins une source de chaleur... enfin, d'oxygène. Mais c'était du pareil au même. Il attrapa son paquet de cigarettes, remit de l'ordre dans ses cheveux ébouriffés puis partit en direction des bois. L'absence de sa blouse le gênait. Il avait l'impression d'être nu. Il ne faisait pourtant pas froid, aucune raison valable d'enfiler autre chose que son T-Shirt ne se présentait.
Et puis, il flâna. S'égara sur quelques bribes de livres dont il se souvenait. Quelques chansons. Quelques films. Et puis, il aperçut une nouvelle tête au loin. Il tira une clope puis se dirigea tranquillement vers elle avant de l'entendre soupirer et traiter la ville de trou perdu. Nouvelle arrivante, donc. Intéressant.
▬ Tu ne crois pas si bien dire, répondit-il à la jeune fille d'un ton égal avant de faire craquer l'allumette. Il alluma sa cigarette, éteignit la flamme, tira une taffe, expira puis ajouta, plus par sens des convenances que par envie de faire plaisir : Tu en veux une ?